La nav prévue pour le test était : Dinard/Laval et cap sur Saint
Nazaire, sachant que je serai dérouté bien avant Saint Nazaire
(qui en ce 14 Juillet était de toutes façons réservé aux avions basés
et aux participants au meeting de Saint Brévin).
Le vent de travers prévu m'inquiétait un peu moins depuis ma scéance
de révisions de la veille. Mais mon FI m'avait conseillé de faire
2 tours de piste en solo juste avant le test histoire de m'échauffer.
Effectivement, il m'a fallu 2 atterrissages pour "tâter le vent" et
me rassurer. Par contre ça m'a un peu inquiété concernant la visi :
une bonne grosse brume de chaleur envahissait l'atmosphère.
L'ATIS avait beau indiquer plus de 10km de visi, à cette distance tout
était gris. Je sentais que la nav n'allait pas être de tout repos,
surtout avec les 15kt de vent prévus sur la route.
Briefing météo : ça le fait, sauf un fort vent avec rafales prévu
dans l'après-midi qui m'aurait je pense fait reporter le vol s'il
s'était agit de passagers plutôt que d'un test.
Briefing nav : rien à signaler, tout est préparé au millimètre.
Je complète le plein de l'avion, fais la prévol et nous voilà partis.
Mon testeur pinaille gentiment sur des points de détail.
Nous passons Echo et devons nous résoudre à rester à 2000ft.
Des cumulus épars nous empêchent de monter pour l'instant, et monter
plus haut réduirait aussi considérablement notre visi vers l'avant,
sans diminuer les turbulences.
J'arrive à mon premir point de report sans problème. Un peu à droite
du trait. Je corrige mais trop. Et là pensant un moment je ne retrouve
plus mes repères. Je sens que je suis mal barré...j'ai laissé mon cap
dériver à gauche et j'annonce rapidement à mon testeur que je reviens
sur mon radial VOR.
A postériori je comprends mieux pourquoi je suis bien passé sur mon
point de report suivant mais avec un retard surprenant par rapport à
mon estimée (cet écart de route est flagrant sur la trace GPS).
J'arrive à Laval et m'intègre sur le circuit en auto-info sans
problème. Sauf que mon testeur trouve ma vitesse en base trop élevée.
Pourtant c'est ce que m'a enseigné mon FI!
Enfin je me pose impeccable, je suis plutôt content de moi.
Nous redécollons et cap au 240.
Une fois sortis du circuit de Laval mon FE me passe les lunettes VSV et
me demande de faire 2 180. Ca se passe sans trop de problème.
Je reprends mon cap et il me demande "où est-on? Quelle est cette
ville sur la gauche?".
Je prends la carte, j'hésite un moment. Je donne un nom mais non, ça
ne peut pas être ça, je ne vois pas ces routes toutes droites sur ma
carte. Coup d'oeil aux alentours, coup d'oeil à la carte et je
retrouve ma position. La ville dans mon aile gauche au loin est
Château-Gontier.
"Bien, alors maintenant que tu sais où tu es, tu te déroute vers Redon".
Top, cap estimé, prise de cap au 270, je trace le trait à main levée.
Pas de zones spéciales en vue, juste le SIV Rennes. Estimée, j'affine
le cap, mais pendant ce temps j'avance et j'ai du mal à tenir mon
avion, ce que ne manque pas de me signaler mon testeur qui peste
depuis un moment sur ma tenue d'altitude imparfaite dans cet air
turbullent.
Bon est où est-on maintenant?
J'affiche le VOR de Rennes, trouve mon QDR et le DME me donne ma
distance. Je retrouve rapidement ma position sur la carte et affine
mon cap en fonction de ma dérive estimée.
Mon FI est connu pour être très fort en nav et il est vrai que sa
technique de lecture de carte fonctionne bien. Je sais parfaitement où
je suis et le VOR de Rennes me confirme toujours ma position.
J'arrive bientôt en vue de Redon, un peu au Sud de la ville,
je repère rapidement l'éolienne que certains ont eu la bonne idée de mettre
quasiment dans l'axe de la finale 05.
J'arrive verticale un peu haut, et...j'annonce le mauvais
QFU...j'ai souvent des problèmes de latéralisation...je corrige et je
commence ma procédure d'intégration.
Et là c'est la catastrophe!
Un peu stressé je ne m'éloigne pas assez dans le sens de
l'atterrissage. Pire je converge vers la vent arrière.
Ce qui a pour conséquence de me faire arriver en début de vent arrière
trop haut. Je perds donc de l'altitude sur la vent arrière, pire, je
descends sous l'altitude du circuit.
Ca grogne à côté, le monsieur a du mal à comprendre ce que je fais
(moi je sais, je suis passé à 100% de CPU et je regarde trop la piste
et pas assez les paramètres de mon avion)
Je vire en base, bien trop rapide (là c'est vrai j'étais vraiment trop
rapide).
Je vire en finale et sors les volet et j'entends comme un cri de
douleur à côté. J'étais limite arc blanc.
Devant une telle procédure d'intégration je me demande ce que me
réserve l'atterrissage sur cette piste de 20m de large et de 830m de
long. Elle me semble bien étroite en tout cas.
Je stabilise ma vitesse, arrive bien sur le plan, je touche
et...j'embarde un peu à droite. Je corrige et je dégage la piste.
Petite pose et premier debriefing.
En gros: bien sur la première branche hormis une tenue d'altitude et
de cap perfectible mais il est vrai que ça turbulle pas mal
aujourd'hui alors ça passe. Sur la branche de déroutement, rien à
dire, on est arrivé à bon port à l'heure estimée. Mais alors sur
l'intégration!...
J'aquiesse et m'excuse. Moi-même je n'ai jamais fait quelque chose
d'aussi horrible... J'ai droit à des conseils, sur la trajectoire que
j'aurais dû prendre, sur ma vitesse trop élevée.
J'apprends, comme je vais le faire tout le reste du vol.
Une fois la taxe payée, nous repartons pour un encadrement.
J'arrive un peu haut, fait une petite PTS et me pose au seuil
sans encombre. Nous continuons par un basse hauteur, atterrissage
de précision, et une simulation de panne en montée initiale.
Eh bien y'a pas beaucoup de place entre les arbres dans la forêt
qui borde le seuil 23 et il ne vaut mieux pas avoir une vraie panne!
Suivent des virages à 45°. Je suis déçu car mon premier virage à
droite est hors tolérances. Celui à gauche est bon mais moins
bien que d'habitude. J'en refais un à droite, dans les tolérances mais
je sais que je peux mieux faire. Je ne sais pas pourquoi j'ai tiré
sur le manche avant d'avoir atteint l'inclinaison...je ne le fais
pas habituellement...
Tout le programme du PPL y passe. J'ai un peu de mal à garder mon
altitude en vol lent,enfin plutôt très lent car ça couine
souvent(l'avertisseur de décrochage et pas le testeur, c'est lui qui
m'a demandé de maintenir la vitesse que j'ai).
Je fais un décrochage mais je mets trop de manche vers l'avant (comme
souvent!). Dommage, j'avais pourtant corrigé ça dernièrement.
Approche du décrochage en virage en montée et descente, ça, ça va.
Je me mélange un peu les pinceaux dans la procédure de recherche de
panne (mais ça je sais pourquoi, c'est un manque d'entrainement
rigoureux), mais par contre je choisis le bon champ et j'arrive pile
poil au bon endroit.
Remise de gaz avec l'assiette appliquée un peu trop tardivement aux
dires de mon FE.
Je ne sais plus à quel moment exact nous avons fait la descente en
plané en virage à 45° suivie d'un virage engagé puis sortie mais je
sais que c'est une figure que j'ai exécutée comme je le souhaitais, ce
qui est assez rare sur tout ce vol pour être signalé :-)
Bref après avoir passé tous les items sauf panne de volets, nous nous
faisons tirer par le VOR de Dinard en prenant soin d'éviter la zone de
Saint Cyr Coetquidan dont la piste apparait devant nous.
Nous discutons longuement durant le retour. Notamment sur les
différences de méthodes entre ce que m'a enseigné mon FI et ce à quoi
mon testeur s'attendait.
Nous arrivons à Dinard, autorisés en longue finale 35. Rennes approche
nous avait indiqué beaucoup de traffic dans le secteur et nous sommes
seul en l'air depuis un moment.
Mon testeur me demande de simuler une panne de volets.
Je m'exécute, prépare l'avion, et essaie de réussir cet atterrissage
avec 16kt à 45° de l'axe. Le plus miraculeux c'est qu'après 2h56 de
vol je parviens à faire un décrabage et un arrondi parfaits.
Intérieurement je pousse un "ouf" de soulagement au toucher des
roues.
Je suis exténué et j'ai consommé près d'1l d'eau depuis le départ.
Je ne doute pas du verdict de mon testeur car nous avons déjà bien
debriefé mais je suis content d'être de retour sur le pancher des
vaches.
De retour au club, mon FE me souhaite la bienvenue au club des
pilotes. Je le remercie pour tout ce qu'il m'a appris aujourd'hui et
je sais que je prendrai bientôt rendez-vous avec lui pour une scéance
de mania comme nous avons eu aujourd'hui. Car c'est parmi les choses
que je préfère dans le pilotage, ainsi qu'un élément de sécurité
important.
Je n'ai pas encore eu de debriefing avec mon FI qui partait avec un
élève, un peu surpris que je lui dise que ça ne s'était pas aussi bien
passé que ce que j'espérais, mais ça ne saurait tarder.
Voilà, tout y est, ou du moins tout ce qui est racontable en public.
Patrice, insomniaque.